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Un métier de l’ombre qui met en lumière l’histoire

Par Maël
27 avril 2025 par
Un métier de l’ombre qui met en lumière l’histoire
tralala-magazine

 Ce sont des gardiens du patrimoine qui veillent à prolonger la vie des œuvres d’art sans jamais trahir leur histoire. Parmi les nombreux métiers qui mettent en valeur le patrimoine français et mondial, nous retrouvons des artisans passionnés et engagés, mais qui sont malheureusement peu salués. En France, nous comptons 1300 diplômés exerçant le métier d’artisan conservateur et restaurateur de peinture. C’est notamment le cas de Marie Godot.

 

Le métier d’artisan conservateur et restaurateur de peinture est très complexe et se pratique sur différents types d’œuvres. Prenons l’exemple de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les artisans restaurateurs de peinture ont travaillé sur les tableaux, les peintures murales et les peintures de chevalets. Également, ce métier requiert une multitude de qualités, parmi lesquelles nous retrouvons la sensibilité artistique, la dextérité, la patience ou encore la persévérance.

Pour Marie Godot, ce métier est avant tout une passion : celle de redonner vie aux objets qui témoignent de l’histoire. Au cours de sept années d’études et d’apprentissage à l’école du Louvre puis à l’Université Panthéon-Sorbonne, la jeune femme a eu l’occasion de découvrir et de restaurer d’importantes œuvres. 

Ce travail minutieux est basé sur trois valeurs importantes : le respect de l’authenticité de l’œuvre, la réversibilité du travail effectué et le minimalisme de l’intervention. Ces valeurs fondamentales qui caractérisent la restauration et la conservation de patrimoine nous permettent aujourd’hui d’admirer des œuvres datant de plusieurs siècles, respectant fidèlement le souhait premier du peintre.

En connaissance des valeurs de ce métier et grâce à ses connaissances techniques et pratiques, le travail de Marie Godot a couvert de nombreuses œuvres importantes. Elle a récemment participé à la restauration du Taureau de Paulus Potter, une œuvre datant du 17ème siècle et mesurant 2,36 mètres sur 3,39 mètres. Ce fut une mission de six mois, confiée par le musée Mauritshuis de La Haye au cœur des Pays-Bas. Mais sa plus grande fierté reste sa participation à la restauration d’œuvres appartenant à la cathédrale Notre-Dame de Paris, succédant à l’incendie de 2019. Alors, étudiante stagiaire au sein de l’atelier de Ludovic Roudet, elle a participé à la restauration de cinq œuvres endommagées par la suie et l’eau. Marie Godot a réalisé un travail d’orfèvre, visant dans un premier temps à restaurer les toiles et à désincruster chaque salissure des peintures. Dans un second temps, elle s’est appliquée à prendre soin de leur conservation. 

Les techniques des artisans restaurateurs et conservateurs de peinture ont beaucoup évolué au fil du temps. Aujourd’hui, ces artisans ont une formation très complète, notamment en physique et en chimie, des domaines grâce pour lesquels l’œuvre n’a plus de secret. En effet, ces nouvelles techniques permettent de découvrir le nombre de couches de peinture, les pigments exacts ou encore la composition de l’œuvre. L’éthique et la conservation historique sont aussi au cœur de l’innovation. Depuis le XXème siècle environ, certains professionnels favorisent la préservation de l’histoire de l’œuvre au lieu de la restitution de son état d’origine. En fonction de la demande du client ou de l’institution, les personnages « habillés » au XIXe siècle peuvent rester ainsi plutôt que d’être restitués dans leur nudité d’origine. 

Dans le but de redonner une nouvelle jeunesse aux œuvres, Marie Godot et ses pairs suivent un processus de restauration précis.

Premièrement, un diagnostic est établi, permettant d’évaluer l’état de la peinture, sa composition, mais aussi de savoir si l’œuvre a déjà subi de précédentes interventions. Cette étape crée le plan de restauration, mettant en lumière les éventuelles particularités auxquelles il convient de prêter attention. Dans un deuxième temps, à l’aide de matériaux spécifiques, l’artisan nettoie l’œuvre de ses salissures apparentes. Puis, de manière plus précise, il retire le vernis et les salissures plus profondes. Vient ensuite le moment des premières réparations, à savoir les éléments de peinture, la toile ou encore le cadre. Ces derniers sont un à un révisés et réparés si nécessaire. La quatrième étape est celle qui donne une partie de son sens au métier. En effet, les retouches picturales représentent la grande part du travail. Cette étape est une concentration des qualités des artisans : attention, précision et délicatesse sont de rigueur pour respecter l’œuvre et son artiste. Pour terminer la restauration de l’œuvre, l’artisan recouvre la peinture d’une nouvelle couche de vernis. S’ensuit le moment de la conservation. Un dossier détaillant la restauration est remis au propriétaire de la peinture, accompagné de conseils quant à la conservation de l’œuvre.

Chaque œuvre est unique. Toutes ces étapes peuvent être adaptées en fonction de l’état, de la technique de création de cette dernière.